voici la final du chapitre 6 de st Jean, le grand discours sur « le pain de vie ». Le Christ qui donne sa chair à manger.

voici la version audio    croire au delà du pensable

 

et voici la seconde homélie:

21e dimanche du temps ordinaire, le Berceau, 21 août 2021

La saison estivale dans laquelle nous sommes peut nous offrir un temps de repos, une mise au ralenti au moins de nos occupations qui entretiennent notre cours de vie ordinaire … Je parle d’un point de vue de celui pour qui les choses vont plutôt bien, même au milieu d’une épidémie que nous pouvons ressentir plus ou moins contraignante … C’est bien sûr décalé par rapport à ceux qui subissent des circonstances exceptionnelles, une maladie grave découverte, un renversement politique comme en Afghanistan, ou une catastrophe naturelle comme en Haïti. Ces gens-là se trouvent face à des questions de survie dans une alternative restreinte, avec des décisions impératives à prendre.

Sans nous mettre nécessairement dans un tel cadre pressant, Dieu nous appelle à choisir sa vie qu’il nous fait connaître, et à vivre en conséquence. Le livre de Josué nous raconte l’épisode où Israël est enfin installé sur la terre promise. Il va pouvoir mener sa vie tranquille au pays riche où coulent le lait et le miel. Pourtant, Dieu prévient le peuple par son serviteur Josué. Venant de faire mémoire des merveilles accomplies par Dieu, depuis le départ d’Abraham de Chaldée jusqu’à cette arrivée en Canaan, Josué met en garde le peuple contre ses tentations du passé et celles du présent. Son choix de Dieu qui l’a conduit jusqu’ici l’amène à un choix exclusif, qui doit l’entrainer à une vraie adhésion à ce que Dieu lui offre, pour ne pas en être détourné et le perdre. L’exemple de l’éventail de tentation entre les dieux de l’Euphrate et ceux des Amorites est éloquent, pour nous montrer les risques de nos dispersions, entre le retour aux premiers instincts malins, ou la déviation facile par la dernière nouveauté découverte. C’est à l’appui de la mémoire de la promesse du Seigneur qu’Israël peut enraciner sa confiance et sa fidélité en Dieu. Dans cette période de relative douce tranquillité, faisons mémoire de ce que Dieu a accompli en notre faveur, pour renouveler et renforcer notre communion à sa vie. Prenons un moment personnel avec lui, pour pouvoir reconnaître, comme Israël, que « c’est lui qui nous a protégés tout le long du chemin que nous avons parcouru » et pour pouvoir lui confier la suite de notre chemin, sous sa bonne conduite.

Dans ce même mouvement, nous sommes heureux de prier avec vous, Elise et François Régis, pour votre enfant Edmond, qui va recevoir le baptême. Ce sacrement est la marque du choix de Dieu que vous faites pour Edmond. Il va être plongé dans la vie du Christ, pour y adhérer de tout son être. Sa vie va s’imprégner de celle du Seigneur. C’est ce que nous avons entendu avec la lecture de la lettre aux Ephésiens. Ce n’est certes pas l’étape de la vie qui concerne immédiatement Edmond, mais viendra un jour où il aura à se décider, sur sa manière propre de vivre en chrétien : dans le mariage par exemple. Autre exemple qui m’a paru fort éloquent, pour montrer non seulement comment le choix de Dieu se répand dans toute la vie, sous tous ses aspects et pas en partie – qui peut se prétendre chrétien et ne pas aimer ? c’est un menteur selon saint Jean, un chrétien en peinture selon saint Vincent de Paul – et éloquent pour montrer aussi l’application concrète de cette adhésion à Dieu par Jésus. Notre vie personnelle devient animée, habitée, et remplie de celle du Christ, jusqu’à l’expérience de l’apôtre st Paul : « je vis, ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2,20), ou, autrement dit ici aux Ephésiens : les femmes vivant soumises à leur mari comme l’Eglise au Seigneur Jésus, et les hommes aimant leur femme comme le Christ s’est livré lui-même pour l’Eglise. Voilà jusqu’où nous sommes entrainés par le baptême, dans cette adhésion pleine à Dieu dans l’ordinaire de nos vies humaines.

Comment tenir ? Il me semble important encore de souligner cette relation particulière que Jésus crée et entretient avec les humains, au travers de la posture des disciples et apôtres. Ceux-là, il les a appelés à le suivre. Ils passent du temps avec lui, à écouter ses enseignements, à chercher à en vivre et à participer à sa mission d’annonce du Royaume de Dieu. Nous entendons aujourd’hui le difficile épisode où un grand nombre d’entre eux ne peuvent plus le croire, parce qu’il se présente comme le pain vivant venu du ciel. Jusqu’où sommes-nous prêts à assumer notre adhésion à Jésus ? Il ne peut pas y avoir de demi-mesure, tellement l’enjeu est vital. C’est ce que confesse l’apôtre Pierre … le même pourtant qui reniera Jésus au moment où il se livrera entièrement … et qui réapprendra à s’en remettre au Ressuscité. Comme Pierre, osons la rencontre avec le Seigneur, le compagnonnage fidèle … prêt à se risquer et à se laisser relever de ses chutes.

Au cœur de notre été divertissant, ou déjà dans l’ordinaire, parce qu’il est toujours temps de donner forme à la vie que nous avons choisie, baptisés, continuons à devenir disciples de Jésus, recevant, chaque jour, de lui, les paroles de la vie éternelle, et le découvrant toujours plus, pour nous et pour le monde, comme le Saint de Dieu venu partager sa vie.

Frédéric Pellefigue cm