avec le Christ aujourd’hui nous sommes invités à la noce. soyons dans la joie. derrière cela une approche de notre relation à Dieu et notre participation à son oeuvre de Salut. ici, une homélie en version audio =>

noce de cana participation à l’oeuvre du Salut

et voici une autre homélie sur le même évangile:

                                  

Chers Frères et chères Sœurs,

Cette année 2022 va nous ramener à une personnalité hors du commun et qui sera d’un grand recours spirituel pour notre pays ; il s’agira de la canonisation de Charles de Foucauld, le 15 mai prochain. Ce futur saint a donné naissance à de nombreuses familles par son esprit de dépouillement et de pauvreté. Il a recherché l’abandon total à Dieu et spontanément, comme si cela allait de soi, il a vécu un amour de prédilection pour le mystère de Noël ; pour lui, la naissance de Jésus vaut de l’or, elle est d’une richesse insondable et semble vite réduire toutes nos interprétations à des réductions ridicules.

Le plus beau condensé de ce qui a été vécu à Noël, fut pointé à l’antienne des Vêpres du Magnificat de l’Epiphanie: « Aujourd’hui l’étoile a conduit les mages vers la crèche ; aujourd’hui l’eau fut changée en vin aux noces de Cana ; aujourd’hui le Christ a été baptisé par Jean dans le Jourdain pour nous sauver ». Autrement dit, c’est une manière concise de nous dire ce qu’est Noël, un aujourd’hui en trois temps et approcher ainsi le Mystère !

Que nous dit en profondeur ce dimanche de Cana ? Quand st Jean s’arrête sur ce premier miracle de Cana, « le commencement des signes », c’est pour mettre en valeur ce qui deviendra une série et qui donne le ton à tous les autres. Les trois éléments de ce récit valent la peine d’être décodés : les noces, Marie et l’eau transformée en vin. Tout cela annonce ce qui va arriver dans la vie de Jésus-Christ pour nous sauver

Les noces d’abord. Ce thème reviendra souvent dans la prédication de Jésus : « Le Royaume des cieux est semblable à des noces » où le Père unit son Fils à l’Humanité. Ces noces de Cana annoncent donc un grand mariage, le mariage d’amour du Christ et de l’ensemble des baptisés, le rassemblement des chrétiens, son Eglise. L’heure des noces sur la croix n’est pas encore venue ; mais cette heure est déjà annoncée. Prenons conscience de ce lien invisible mais bien réel qui nous allie à Dieu. Il est la source de la joie comme son écoulement qui nous comble et nous ravit de bonheur. Dieu m’aime et cela suffit !

Le deuxième signe est Marie. Jésus ne l’appelle pas mère, déjà, il lui donne le titre qu’elle aura sous la croix : femme. Elle est le signe indissociable de l’Eglise qui est épouse ; qui ne sait pas encore tout ce qui va arriver, mais qui fait confiance : « Faites tout ce qu’il vous dira » ; dit- elle aux servants. Alors, il se laisse faire. Sa mère lui force la main, en somme. A l’inverse ou presque, il y a dans les miracles de Jésus, une fois qu’il les accomplit en les faisant siens, une frappante surabondance. A la multiplication des pains, tout le monde est rassasié et il y a même surabondance de restes, toutes corbeilles recueillies. A Cana, la profusion est royale ! Nous recevons le retour en plein visage : quand nous donnons, sommes-nous chiches ou transmetteurs de biens inépuisables ? Faire le bien, c’est ne jamais s’arrêter !

Le troisième signe est le changement de l’eau en vin. Quelque chose est en train de changer, l’Ancien Testament bascule dans le Nouveau, l’eau de la Loi juive devient vin de la grâce. A la fin du repas est servi le bon vin, gardé secret jusque-là. Le Christ est lui-même le bon vin de la fin des temps. Et le vin joyeux des noces préfigure l’enthousiasme enflammé de l’Esprit de Pentecôte. Jésus n’aurait-il fait ce geste que pour dépanner des convives à court de vin ? C’est contre toutes ses habitudes. Nous avons ici le commencement des signes que Jésus accomplit… « Il manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui ». Par ce signe, Jésus manifeste sa divinité la gloire du Père. Déjà ce signe provoque un début de foi, « ses disciples crurent en lui ». Ici, à Cana en Galilée, c’est l’annonce, une espèce d’ouverture joyeuse, un prélude à la joie, le commencement de ce qui s’épanouira en extase quand l’heure sera enfin venue, celle de sa résurrection. Alors les disciples croiront, d’une foi adulte et ferme. Mieux ils verront !

Chaque chrétien, de par son baptême, est « uni au Seigneur ». La vraie question, la seule réussite, est de savoir si j’ai avec lui, une relation de tendresse, de bonté et d’amour vrai, « affectif et effectif », dirait st Vincent. C’est bien à celle-ci que nous invite cet évangile. Le futur saint ne dit pas autre chose; il a écrit en 1916 : « C’est en aimant les hommes qu’on apprend à aimer Dieu ». Il célèbre par ces mots, ce qu’il aime vivre et qu’il accomplira de sa conversion en l’église st Augustin de Paris, aux pieds de l’abbé Huvelin, jusqu’à sa mort en solitaire, au fin fond du désert algérien. AMEN

J-P Renouard cm