deux homélies pour vous nourrir en ce 3° dimanche de carême avec des accents bien différents

celle que vous pouvez lire, nous invite à revisiter notre agenda (lire ci-dessous), celle que vous pouvez écouter nous interpelle sur notre rapport au mal et ce que nous faisons pour être à la Vie, c’est ici: =>

Nous sommes aujourd’hui le dimanche 20 mars. Il est parfois bon de se pencher sur le calendrier et de regarder les évènements qui s’y rapportent.

Dimanche 20 mars 2022 : c’est pour les habitants de l’hémisphère nord, l’arrivée du printemps.

Dimanche 20 mars : c’est la journée internationale du bonheur. Et oui, il y a une journée internationale dédiée au bonheur.

Dimanche 20 mars : c’est le jour choisi par les évêques de France pour faire mémoire de toutes les personnes, enfants, adolescents, adultes ayant subi des violences à caractères sexuels dans l’institution ecclésiale.

Dimanche 20 mars : c’est presque la moitié de notre carême. Il nous faut tout de même attendre jeudi pour être à la « mi-carême ».

Y aurait-il un point commun entre tous ces évènements inscrits sur nos calendriers et la parole de Dieu qui nous est proposée aujourd’hui ? Oui. Ce point commun, c’est l’appel à la conversion.

 

Dimanche 20 mars 2022. C’est donc l’arrivée officielle du printemps. Les jours s’allongent peu à peu. Les oiseaux chantent de bon matin. Les fleurs, les feuilles les animaux sortent de leur hibernation. Les jardiniers retrouvent le chemin du jardin, notamment ceux qui parmi nous œuvrent dans le jardin partagé. La nature revit et Jésus nous offre…  la parabole du figuier stérile.

Ce figuier épuise le sol sans donner du fruit. Ce figuier inutile ne mérite qu’à être coupé, brûlé, et à redevenir cendre ou poussière.

Ce figuier, c’est chacun de nous. Heureusement, Dieu nous aime et prend patience avec nous. Il veut que nous portions du fruit. Il dépose pour ce faire, du fumier à nos pieds.

Le fumier, c’est un bon engrais naturel. Cet engrais, Dieu nous l’offre pour que nous prenions racine en lui.

Cet engrais, en ce temps de carême, cela peut être le retour aux sacrements. Le sacrement du pardon pour aérer le sol tassé par le poids de nos péchés. Le sacrement de l’eucharistie pour nourrir notre foi afin que nous soyons greffés en Jésus Christ.

 

Le fumier est un bon engrais, mais son contact et son odeur ne sont pas forcément très agréables. Au risque de vous choquer, ce fumier ce sont aussi les pauvres que nous côtoyons mais qui nous effraient par leur apparence et parfois leur odeur. Pourtant, le service de ces pauvres, quelque soit le type de pauvreté qu’ils endurent, est un moyen radical de conversion. Nous avons beaucoup à apprendre des pauvres. Les pauvres sont nos maitres.

Ces derniers jours, j’ai été admiratif devant ces personnes qui fréquentent l’accueil de nuit de la Croix Rouge et qui se sont mobilisées pour accueillir au mieux les réfugiés d’Ukraine dans les locaux du Berceau.

N’ayons pas peur de nous salir les pieds au contact du fumier. Le fumier nous fait grandir.

Le figuier que nous sommes appelés à devenir en nous convertissant, c’est l’arbre décrit dans le psaume 1 : « Heureux est l’homme qui n’entre pas au conseil des méchants, qui ne suit pas le chemin des pécheurs, ne siège pas avec ceux qui ricanent, mais se plait dans la loi du Seigneur et murmure sa loi jour et nuit. Il est comme un arbre planté près d’un ruisseau, qui donne du fruit en son temps, et jamais son feuillage ne meurt ».

Heureux donc l’homme qui se convertit.

Un homme heureux, une femme heureuse, c’est une personne qui vit dans le bonheur. Ce bonheur que l’Organisation des Nations Unies a décidé de célébrer chaque année par une journée particulière le 20 mars.

Cette journée reconnait que le bonheur est un objectif humain fondamental et appelle les pays à aborder les politiques publiques de manière à améliorer le bien être de tous les peuples. L’ONU vise à attirer l’attention du monde sur l’idée que la croissance économique doit être inclusive, équitable et équilibrée, de manière à promouvoir le développement durable et à réduire la pauvreté. Elle reconnait aussi que pour atteindre le bonheur global, le développement économique doit s’accompagner d’un bien-être social et environnemental.

 

Jésus partage certainement cette intention mais, nous invite, pour être réellement heureux à nous convertir, à nous dépasser en suivant la voie des Béatitudes. Selon cet enseignement, heureux sommes-nous si nous sommes pauvres en esprit, doux, affligés, affamés et assoiffés de justice, miséricordieux, cœurs purs, artisans de paix, persécutés pour la justice, insultés ou calomniés à cause de notre foi en Jésus-Christ.

La récompense à notre conversion est à venir. Marie, la mère de Dieu, l’a dit elle-même à Bernadette à Lourdes : « Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse en ce monde, mais dans l’autre ».

 

Le bonheur, c’est ce qui a été volé à des milliers de victimes agressées dans leur corps et dans leur âme par des représentants de notre institution ecclésiale. En ce dimanche 20 mars, nos évêques nous demandent de faire mémoire de ces victimes.

Dans l’épisode du buisson ardent, Dieu se révèle comme celui qui regarde la misère de son peuple.  Les enfants, les jeunes ou les adultes abusés sont des membres du peuple de Dieu. Dieu suscite un messager qui annonce la libération de l’esclavage. La voix des victimes est devenue pour nous un témoignage qui engage un processus de délivrance.

Préserver la dignité des personnes, servir la liberté de conscience et respecter le cheminement spirituel demandent d’être attentif à l’intégrité des plus faibles et des plus vulnérables. Notre Eglise a besoin de se convertir mais cette conversion ne saurait se faire sans l’ensemble de nos conversions individuelles.

 

Dimanche 20 mars, 3ème dimanche du Carême, nous sommes à mi-chemin de notre montée vers Pâques.

Depuis le mercredi des Cendres, nous avons entendu des appels très forts : “Les temps sont accomplis. Convertissez-vous et croyez à l’évangile.” Ne laissons pas passer ce temps sans réponse de notre part. Nous pouvons avoir l’impression que nos efforts de carême sont vains… que nous cédons souvent à la tentation malgré notre désir sincère de nous convertir.

Le Carême est un temps favorable pour rentrer en nous-mêmes. Il ne s’agit pas d’accomplir des performances spirituelles extraordinaires. Le plus important c’est d’accueillir le Seigneur et de lui redonner toute sa place dans notre vie.

Le psaume 50 nous dit : « Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé ; tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un cœur brisé et broyé ».

Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit qui s’ouvre, un esprit qui pense d’abord aux autres, au pauvre et au faible. Un esprit qui écoute d’abord l’autre.  Un esprit qui prie et demande la bénédiction de Dieu pour les autres. Un esprit qui demande la miséricorde pour les pêcheurs que nous sommes…

Il n’est pas trop tard, convertissons-nous et croyons à l’évangile. Alors les branches de notre figuier ploieront sous le poids des fruits de notre conversion.