voici l’horizon de la fin de notre carême 2022. Nous entrons aujourd’hui dans la semaine sainte avec ce dimanche des rameaux.

voici deux homélies, une audio qui nous fait explorer différentes attitudes humaines: => rameaux révélateurs d’humanité

et une à lire qui nous parle des cris de ce monde et de cette semaine

Dimanche des rameaux C

Frères et sœurs, les quarante jours de carême sont passés, ces quarante jours pendant lesquels nous étions appelés à travailler à notre propre conversion. Ces quarante jours nous ont préparés au temps que nous allons vivre à partir d’aujourd’hui : La Semaine Sainte.

Cette semaine est Sainte, non pas que les 51 autres  ne seraient pas bénies elles aussi par Dieu, mais parce qu’elle est le cœur de notre vie chrétienne : elle porte en elle le cœur de notre foi.

Nous allons, si vous le voulez bien, nous arrêter sur ce qui nous est proposé tout au long de cette semaine. Je ne vais pas vous donner un programme comme vous pourriez consulter un programme télé. La semaine Sainte n’est pas une émission de télévision que nous regarderions passivement allongés sur notre canapé. Nous sommes invités à vivre intensément et intérieurement chacun des temps forts de cette semaine. En vivant cette semaine, c’est le Christ que nous allons suivre de son entrée à Jérusalem jusqu’à sa mort et sa résurrection.

Aujourd’hui nous célébrons non seulement le dimanche des rameaux mais aussi celui, ne l’oublions pas, le dimanche de la Passion de notre Seigneur. Deux passages d’évangile nous ont été donnés, deux passages qui peuvent nous sembler opposés mais qui préludent bien tout ce que nous allons vivre cette semaine.

Cette semaine n’est pas et ne sera pas silencieuse mais sera remplie de cris, de nos cris, des cris de nos frères et sœurs, des cris des opposants à Jésus, des cris de Jésus lui-même.

Avec nos rameaux de buis, de laurier ou d’olivier nous sommes de ces personnes venues acclamer Jésus en criant : « Béni soit celui qui vient, le Roi, au nom du Seigneur. Paix dans le ciel et gloire au plus haut des cieux ! ». N’hésitons pas à lancer vers le Seigneur nos cris de joie pour l’acclamer et lui rendre grâce.

Ces cris de joie, ces cris de liesse, ces cris d’exaltation seront vite tus et oubliés lors de la Passion du Christ mais seront remplacés par d’autres cris tout aussi audibles.

 

Jeudi prochain, jeudi Saint :

Nous entendrons lors de la célébration de la cène, le cri d’amour de Jésus pour ses disciples : « Ceci est mon corps, qui est pour vous. Faites cela en mémoire de moi », « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang. Chaque fois que vous en boirez, faites cela en mémoire de moi ».

Ce cri d’amour de Jésus nous continuons de l’entendre lors de chacune de nos célébrations eucharistiques. Ce cri d’amour est celui du Christ qui se donne comme nouvelle alliance entre Dieu, le père et nous, son peuple.

Que ton cri d’amour, Seigneur, parvienne aux oreilles de tous ceux qui ont reçu le baptême afin qu’ils trouvent dans ton corps et ton sang la nourriture indispensable à la vie véritable.

Le jeudi Saint sera aussi l’occasion de revivre le rite du lavement des pieds. Par ce rite, Jésus se fait serviteur et fait de nous des serviteurs de nos frères à commencer par les plus pauvres.

Oui, les pauvres crient vers nous, même si leurs voix sont souvent étouffées par le brouhaha de nos agitations. Sachons entendre les cris des pauvres et y répondre.

Parmi ces cris de détresse, comment ne pas oublier les cris des habitants des pays en guerre et notamment ceux d’Ukraine, les cris des jeunes qui meurent dans les combats, les cris des civils qui fuyant  les bombardements sont écrasés par les bombes, les cris des femmes, des vieillards et des enfants qui ont peur et se cachent, les cris des blessés dans les hôpitaux surchargés, les cris des mères qui pleurent leur fils tué, les cris des personnes ukrainiennes accueillies ici au Berceau ou d’en d’autres lieux d’exil et qui se demandent si elles reverront un jour leur pays et dans quel état.

Avec toutes ces personnes, c’est le Christ lui-même qui crie. Entendons-le, entendons-les.

 

Vendredi prochain, vendredi Saint.

Nous revivrons la Passion de notre Seigneur. Encore des cris. Ce seront les cris de haine de la foule réclamant la crucifixion et la mort de Jésus.

Certainement y avait-il dans cette foule, des personnes qui étaient venues quelques jours plus tôt acclamer Jésus avec leurs cris de joie en agitant leurs rameaux.

Des cris de haine, nous en entendons souvent à la télévision ou sur les réseaux sociaux. C’est d’autant plus vrai en ces jours d’élection nationale. Ne mêlons pas nos voix à ces discours de haine. Là où se trouve la haine, que nous apportions l’amour.

Jésus nous a prévenus : des cris de haine, nous pouvons en recevoir aussi en raison de notre foi. Mais il nous rassure : « Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on vous calomnie de toutes manières à cause de moi. Soyez dans la joie et l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux ».

 

Vendredi prochain, vendredi Saint.

Nous réentendrons l’ultime cri de Jésus au moment de sa mort : « Père, entre tes mains je remets mon esprit ». Un cri d’abandon. N’attendons pas que notre vie ici-bas se termine pour pousser un tel cri d’abandon.  Sachons, nous aussi nous abandonner entre les mains de Dieu, entre les mains de notre père.

 

Samedi prochain, samedi Saint.

Plus de cri mais le silence. Le silence du tombeau. Le silence de l’absence. Le silence de nos détresses. Le silence de nos peurs. Le silence de Dieu.

Le silence peut être aussi cri ; cri de l’homme vers Dieu, cri de Dieu vers l’humanité. Profitons du silence pour écouter Dieu et lui lancer tous nos cris.

Nous le savons, le samedi Saint ne dure qu’un jour, la semaine Sainte ne dure que 7 jours.

Mais après cette semaine particulière nous pourrons mêler nos cris de joie et d’espérance à ceux des femmes et des disciples découvrant le tombeau vide.

Bonne semaine Sainte. Amen

AS