Quelques échos de notre partage sur « Fratelli tutti »

Le groupe de réflexion s’est retrouvé exceptionnellement ce mardi (la règle est de se réunir le premier mardi de chaque mois de 15h30 à 17h00). Nous avons commencé le partage à partir de l’encyclique « Fratelli tutti » du pape François.

Nous avions à lire en amont de notre rencontre le premier chapitre intitulé « les ombres d’un monde fermé ». En bon jésuite, il commence donc par faire un diagnostic sans aucune concession. Il interpelle fortement sur les réalités du monde : des rêves qui s’effondrent, la fin d’une conscience historique, sans un projet pour tous, une marginalisation mondiale, des droits humains pas assez universels, conflits et peurs, projets sans cap commun, sans dignité humaine aux frontières, l’illusion de la communication, agressivité sans pudeur, soumissions et autodépréciations, information sans sagesse… tels sont les thèmes abordés. Nous pourrions le trouver sévère mais dans nos échanges, force est de constater qu’il est lucide et sans détour.

Ce constat implacable n’est pas un petit roman à l’eau de rose, il nous faut oser y faire face si nous voulons avoir une conscience bien éclairée sur ce que nous vivons et ce que nous laissons aux générations futures.

Nous avons pris le temps d’exprimer comment cela résonne en nous. Car faisant parti de cette société occidentale qui est beaucoup remise en cause, cela nous interpelle sur nos modes de vie, sur les relations que nous entretenons avec nos familles, notre entourage, nos choix. Constat est fait qu’il y a de plus en plus une méconnaissance de notre culture commune et que l’individualisme met chacun en autoréférentiel pour mener sa vie. Grande difficulté d’oser avoir un ou des projets communs qui nous permettraient de mieux nous connaitre.

Comme le pape évoque les grands échanges vécus avec les responsables mondiaux des autres religions, on faisait la remarque qu’ils étaient certainement plus aisés à vivre car il y a une grande connaissance réciproque alors que nous, à la base, cela est beaucoup plus délicat. Les incompréhensions étant souvent du, d’une part à l’inconscient collectif que nous avons été pendant des siècles des colonisateurs. Et que toute discussion sur les références religieuses étaient minées car souvent avec cet apriori que l’autre veut convertir ses interlocuteurs.

Notre partage s’est arrêté un moment sur l’importance des liens entre générations. L’expérience personnelle nous montre qu’en une existence il y a plusieurs vies et comment rejoindre des jeunes qui sont tant en avance sur les domaines techniques, on peut se sentir largement dépassé mais la vraie question est comment évoquer l’importance des valeurs humaines ? Comment leurs transmettre notre expérience de la vie, sur le sens de notre passage sur terre ? Le moyen le plus adapté à cela est celui du témoignage… et non pas de la leçon à donner ! Et une chose dont ils ont grand besoin : l’écoute.

Le pape nous interpelle aussi sur les relations que nous entretenons avec nos voisins. C’est la base de toute bonne société. Notre vie trépidante où l’on n’a jamais le temps n’aide pas à une rencontre sereine, surtout lorsque celle-ci peut être motivée par un désir de faire quelques mises au point sur les relations de voisinage. Il y a à dire la vérité d’une situation, mais là encore la manière dont on va aborder le sujet va beaucoup contribuer à une possible réussite.

Nous aurions pu discuter encore bien longtemps tant est riche ce premier chapitre et qu’il nous concerne vraiment de très près. A en rester à une lecture superficielle, il pourrait nous donner le cafard mais il termine son dernier paragraphe sur un appel à l’espérance. De fait faire un diagnostic sévère sur une réalité très mal menée ne veut pas dire qu’il n’y a plus rien à faire. Les chapitres suivants vont nous faire prendre du recul, nous tirer en avant et nous donner des perspectives possibles pour avancer. Rendez vous est donné de nous retrouver le prochain premier mardi du mois c’est-à-dire le 1er février. N’hésitez pas à venir nous rejoindre en ayant lu les chapitres 2 et 3 de cette encyclique.

Vincent Goguey cm.