Voici une double homélie à partir de ce XXII° dimanche du temps ordinaire.

la version audio: => renoncer à tout

 

CONSIGNES de JESUS le Berceau

Frères et sœurs

L’expérience le prouve : marcher, c’est réfléchir. En s’engageant sur une route qui nous
conduit à un but précis, il est aisé de cogiter et de fixer des idées. On est productif en pensées au
rythme de ses pas. Jésus n’a pas dérogé à cette manière de faire. Il continue son propre bilan et il
peut alors donner des consignes. A ceux qui montent à Jérusalem avec lui, après son temps de
prédication, il est à même de donner des fruits de sa réflexion. C’est un passage de consignes
valables pour toujours, comme une course à relais.
Il n’est pas difficile d’imaginer les grandes foules d’aujourd’hui en cette fin de mois : toutes et tous
recommencent, bien bronzés, reposés ou mouvementés par un été surchargé en interventions
physiques bénévoles ou non. En avançant sur notre chemin de chrétiens, essayons d’actualiser les
mois à venir en recueillant nous aussi les consignes, de Jésus, valables pour tout disciple.

«La consigne prioritaire : Préférer »

Je préfère telle ou telle méthode, tel Maître à penser, ou tel projet. Dans la semaine
commentant déjà ce thème du choix, j’écrivais : « A vues humaines et même au nom de Dieu, nous ne
voyons que jalousies, oppositions, clans, rivalités et cela passe par tel prédicateur plutôt que par tel
autre. A vues divines et pour le nom de Dieu, nous voulons vivre de l’esprit de l’Evangile : nous
sommes dans ce cas-là, « des collaborateurs de Dieu »et forts de nos convictions, de notre opinion et
de notre foi, nous honorons l’annonce de la Bonne Nouvelle». Dieu est mon choix et à partir de là, je
suis un témoin de son amour.  Le choix de Dieu, pour Lui, est son Fils, Jésus, le Christ, comme on le
dit à chaque Messe. Si le Père fait ce choix , comment ne le ferions-nous pas ? Certes, nous avons à
aimer, à affectionner père, mère, femme, enfants, frères, sœurs, mais en donnant une intensité
d’amour supérieure à celui vers qui nous allons et serons pour toujours ; tous plongés dans le même
bain du Christ !
Et il est vrai de que le poids de la croix du Christ est lourd pour tous et un chacun : le chemin
de la Passion est de plus en plus dur, comme s’il se resserrait à chaque avancée. Et quand s’y ajoute
la persécution, quelle somme de souffrances voisine de l’intolérable. On compte 360 millions de
chrétiens persécutés dans le monde. Qui l’est parmi nous ?

(Silence)
Les autres consignes

« Jésus ne se prend pas pour une tête brûlée ; il convient d’alterner marche et pause. Il aime même
s’éloigner pour entrer en contact avec son Père. Des réalités lui parlent, « calculer, poser les
fondements bâtir, achever ; s’asseoir, organiser sa stratégie ou envoyer une délégation ». Il est
homme réfléchi ; la spiritualité ignatienne parlera beaucoup plus tard de discernement, c’est tout un.
Jésus nous invite à prendre inlassablement le chemin de la Sagesse, art porté à sa perfection par le
jeune roi Salomon. Chercher à faire coïncider notre volonté avec celle de Dieu, quel pari ! Mais aussi
au terme de l’opiniâtreté dans notre méditation, quelle victoire !
En ce début d’année pastorale et civile, je vous convie au recul et au retrait : toute avancée dépend
de nous et de notre engagement pour « la cause de Jésus », selon notre liberté de juger , de réfléchir
et de décider, comme l’a fait Paul pour son esclave Onésime .
Enfin, renoncer !

On le dit maintes fois, « choisir, c’est éliminer ». Jésus, en deux lignes, nous déleste de tout
encombrement, de tous ces à-côtés qui nous empêchent de devenir disciple et il ajuste au plus
précis : « Celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon
disciple ».
Pour terminer, st Vincent de Paul résume avec justesse en parlant aux Filles de la Charité pour tous :
« La vie doit être un entier renoncement à soi-même. Vous êtes par nécessité dans la pratique de ce
renoncement ; n'êtes-vous pas, plus que tout autre, obligées de l'affectionner ? O mes filles, c'est
volontairement, pour l'amour de Dieu, qu'il faut l'accepter » – IX,170).Et le 4 décembre 1648, il
écrivait à un de ses confrères :. « Nous ne pouvons mieux assurer notre bonheur éternel qu'en vivant
et mourant au service des pauvres, entre les bras de la Providence et dans un actuel renoncement de
nous-mêmes, pour suivre Jésus-Christ. »(III, 392)
Chacune, chacun réfléchit et prend l’allure qui lui convient. A la fin des fins ce sera la danse joyeuse
des disciples. AMEN.

J-P Renouard cm – renoird@orange.fr