Aujourd’hui st Paul nous révèle notre identité: nous sommes citoyens des cieux. Le Christ nous donne à voir son identité profonde: un être de lumière. 

voici une homélie en version audio => transfigurés

et ci-dessous l’homélie de notre confrère Jean-Pierre dite ce matin à la chapelle du Berceau:

                              TRANSFIGURATION                       

Le 4 octobre 1944, un beau matin d’automne apportait encore dans mon Midi natal, des effluves d’été, et voici que deux gendarmes et le Maire demandent à parler aux propriétaires des lieux. Instinctivement, ils savent ce que cette arrivée recèle et ce qui va leur être annoncé. Et la sentence tombe : « Madame, Monsieur, je vous annonce la terrible nouvelle : « Votre fils Hubert, 29 ans  du 1ER Régiment de Chasseurs Parachutistes,  a été tué alors qu’il descendait en parachute sur le théâtre des opérations. J’ai l’honneur de vous présenter nos condoléances ! Je vous remets la dernière lettre qu’il portait sur lui et qu’il voulait vous envoyer. » Plus tard, tapis dans leur chagrin, la Mère lit la lettre qui véhicule des nouvelles banales. Elle s’arrête sur la dernière phrase et que je n’ai jamais oublié : « Mon ciel est au beau fixe ». Pour l’avoir souvent lue, cette lettre a été bien souvent le stimulateur de ma vie au rythme des creux et des vagues les plus dangereuses.

Frères et sœurs, combien de parents vont recevoir cette annonce ces jours-ci, un temps que je n’aurai jamais cru revivre, combien de fois des jeunes ou autres, partent-ils au front, heureux et fiers de leurs choix, défendre leur pays, combien de fois leurs songes profilent-ils dans la nuit la plus noire, la lumière incandescente de leur idéal et de leur foi. Nous avons tous besoin d’un ciel. Aujourd’hui pour nous, l’étape de la Transfiguration peut nous servir de tremplin pour intensifier notre désir du vrai Ciel.

  1. Il peut être celui d’Abraham : « Regarde le ciel, et compte les étoiles, si tu peux…Telle sera ta descendance ». Et Dieu qui lui parle agrée son offrande et lui donne ce qu’il promet. Abraham est repère absolu de nos fidélités à Dieu et Dieu nous justifie en donnant au-delà de ce qu’il promet. C’est notre espérance, notre attente, notre motif d’engagements et de perfectionnements. ‘Le ciel au beau fixe’ traverse nos existences et leur donne sens et joie, surtout quand nous nous souvenons que ce Ciel n’est autre que Dieu lui-même : « Le Seigneur est ma lumière et mon salut ». Alors à bas nos craintes et nos désespoirs ! Dieu est notre rempart ; il a du courage pour deux ; il est notre espérance, comme le chante le psaume 26, ces jours prochains qu’on nous promet, durs.

 

  1. Il en a fallu aussi du courage à un autre homme jeune, et qui récapitule tous nos rêves et nos attentes. Un jour, Jésus prend avec Lui, ses trois amis préférés, Pierre, Jean et Jacques, et gravit la montagne. Un lieu magnifique que j’ai découvert et qui a embelli la vision de sa Transfiguration. Ses trois amis ont vu le Jésus-Christ achevé, éblouissant, fascinant, invitant à poursuivre un tel moment, tous enveloppés par la nuée, le milieu divin, préfiguration de leur ciel à venir. La Parole de la Voix parachève ce qu’ils voient. Ils ont compris plus tard. Le ciel, notre ciel, n’est pas le fruit d’une quelconque magie, mais la victoire assurée de tout combat pour la cause de Dieu et le salut de l’homme. Il faudra galérer, peiner, souffrir moralement et physiquement, douter, aller de combat en combat. Mais le Fils, le Choisi, l’Aimé du Père et des fils est là, Vainqueur avant nous de nos passions et de nos morts puisque à l’écouter et à le suivre, il nous ouvre l’entrée du Ciel, le Compagnon qui nous porte, même quand il croise nos solitudes.

 

  1. Alors que faire ? St Paul ouvre la seule piste retenue en associant croix et chemin du ciel.il a tenté d’imiter le Christ, « saisi par lui », et il ajoute « Imitez-moi » dit-il. Tous les baptisés vivent face à un choix mais certains se trompent de but, « beaucoup de gens se conduisent en ennemis de la croix du Christ…leur dieu, c’est leur ventre…On peut entendre, ‘le moi’, l’égoïsme pur et sec, des pensées terre – à -terre». La montagne de la Transfiguration et le spectacle donné renversent la perspective. « Citoyens des cieux », tel est notre titre de gloire, notre véritable identité grâce au Christ glorieux. Ces jours-ci, cette identité glorieuse donne à penser : que nous soyons orthodoxes, protestants, catholiques, titrés ukrainiens, russes, européens, nous sommes frères et sœurs en Christ., lui qui transformera nos pauvres corps « à l’image de son corps glorieux ». Alors, réfléchissons beaucoup à cette phrase, mise ici en évidence par nos décoratrices, fuyons ce qui nous défigure comme la violence, cherchons à vivre ce qui est lumineux. Oui, nous sommes déjà vivants comme le Ressuscité de Pâques, « Lui qui transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux ». Nous sommes les miroirs de Dieu, ses réflecteurs.

 

  1. Ce n’est pas le moment de rire et de se moquer ; c’est le moment de vivre la joie de Dieu, un éternel sourire de l’humanité qui reçoit du Père, l’invitation de s’asseoir à la table de la fraternité parce que c’est la table ouverte par le Dieu de tous pour tous. Entrons dans la nuée heureuse, Père, Fils et Esprit nous y convoquent. AMEN.

 

J-P Renouard cm -renoird@orange.fr