« Tu as du prix à mes yeux et je t’aime »
Tel était le thème de la rencontre des fiancés du diocèse d’Aires et Dax en ce dimanche de début février.
Voici une intervention d’un lazariste sur ce thème. Elle peut intéresser plus largement que les fiancés, vous pouvez l’écouter en version audio => Tu as du prix à mes yeux
ou la lire ci dessous:
Tu as du prix à mes yeux et je t’aime
As-tu déjà dit cela à ta fiancée ou ton fiancé ? C’est puissant. Lui as-tu dit dans les yeux ? en gardant du silence… Y a-t-il quelque chose de plus puissant que cela dans ta vie ?
Question encore plus difficile « as-tu réussi à accueillir cette parole de l’être aimé ? » Lui fais tu confiance ? Qu’est ce que cela a produit en toi ? Est-ce que cela à changé ton regard sur toi ?
Certainement certains sont ensemble depuis quelques temps déjà, êtes-vous encore capable de vivre ces temps intenses entre vous, accompagner de silence pour laisser résonner cette parole ?
Saisis tu la puissance d’une parole ? Malheureusement parfois on est trompé par la parole d’un proche et on termine par la chanson « parole et parole et parole » et on meurt !!!
Tu vas prononcer une parole le jour de ton mariage, une parole qui t’engage. Une parole fondatrice. Vous avez malheureusement trop d’exemples autour de vous de personnes qui n’ont pas réussi à tenir cet engagement. Et le risque c’est de minimiser ton engagement, quelle erreur. Si tu n’es pas prêt dit non, ça sera beaucoup plus honnête que de faire semblant.
Peut-être es-tu non croyant et que la démarche a peu de sens pour toi et là, tu peux vivre un vrai acte d’amour pour ta moitié qui est croyante. Et cela est très beau. Ils le faisaient avec sérieux et c’est très honorable et respectable. Mais fondamentalement dire oui c’est t’ouvrir à ta propre confiance. Es-tu digne de confiance ? Est-ce que tu vas faire confiance à ta propre parole ? Ne répondez pas trop vite, car il faut toute une vie pour y répondre.
Ouh là là ça débute un peu trop fort ce topo ! la salle va se vider !
Je vous laisse un moment tranquille sur votre relation amoureuse.
Venons plutôt découvrir qui est l’auteur de cette si forte parole : DIEU Rien que ça, rien que lui. Dieu nous parle, alors Dieu te parle. Alors tout d’abord pour ne pas parler chinois à tout le monde, y a-t-il des croyants dans la salle ? Y a-t-il des chrétiens dans la salle ? Pourquoi je vous dis cela ? Tout d’abord il faut savoir que nous vivons dans une société ou la religion est tabou, il ne faut donc pas parler de ses convictions surtout par religieuses et cela chez les catholiques c’est tellement intégré que même entre eux ils ont du mal à parler de leur foi. Un truc de fou !
Pour vous faire comprendre l’importance de ma petite question je vous raconte une anecdote. Je prépare un couple au mariage, ce sont des vieux routards, lui il a une cinquantaine d’année, elle un peu moins. Il est croyant, elle ne connait rien sur la question de Dieu, elle ne savait même pas qu’il existait ! J’aborde tout un tas de domaines de vie de couple et j’arrive à un moment avec ma question bête « pries-tu ? » Elle je savais que non mais lui spontanément dit « oui tous les soirs dans la chambre je prends un temps de prière » Et là j’ai vu les yeux de la dame s’écarquiller comme jamais. Je lui dis « toi, tu es en train de te demander combien vous êtes le soir dans votre chambre », « C’est tout à fait ça » me répond-t-elle du tac au tac. Mais elle avait peur, elle n’était pas du tout dans le rire. Elle a bien dit que le soir elle regarderait sous le lit. Ils sont étonnants ces humains. Ils sont capables de vivre des intimités très intimes mais il y a des domaines qui sont interdits, tabous, niés
Si tu viens te marier à l’église juste pour que ça fasse un peu moins minable qu’à la mairie, renonce à te marier à l’église ; ça va être un fiasco. Tu ne vas même pas te respecter. Si c’est juste pour avoir une belle photo en sortant d’un bâtiment. Si c’est pour autre chose, on peut aller plus loin.
Pourquoi je viens vous brancher sur la prière ? Tout simplement parce que c’est dans la prière qu’on entend Dieu parler. On m’a demandé de commenter cette parole qui est la parole de votre journée de rencontre. Il faut savoir qui est l’auteur de cette parole.
Certainement, y a-t-il parmi vous plusieurs qui ne croient pas en Dieu. Savez-vous pourquoi ? Parce que vous pensez ne pas le connaitre. Pourtant c’est évident que vous le connaissez sinon vous ne seriez pas là. Je m’explique en faisant un cours de catéchèse en trois mots. Mais avant j’ai besoin de savoir une chose sur vous, « As-tu déjà aimé ? » Bien évidemment toutes les mains se lèvent, sinon vous allez vous prendre une claque et ça sera fin de journée ! Alors il te faut écouter avec grande attention cette mini phrase de trois mots : Dieu est amour.
Fin de la catéchèse. Si tu as une chose à retenir de la foi chrétienne, c’est ça « Dieu est amour ». Je te fais juste un petit complément, c’est la suite de la lettre de st Jean « qui aime connait Dieu ». Alors là, ça c’est du tonnerre de Dieu ! Il y a cinq minutes tu m’as dit que tu avais déjà aimé, que tu aimais en ce moment, alors tu as fait l’expérience de Dieu. C’est ça qu’on n’a jamais dit dans tous les catéchismes et qui rend incompréhensible tout le reste. Tu n’es peut-être pas encore croyant mais tu ne peux plus dire que Dieu n’existe pas ! Tu l’as déjà rencontré, ou plus exactement déjà expérimenté. Quelle puissance, qu’elle folie que cette foi des chrétiens. Quand je suis avec des lycéens j’aime les faire parler sur ce qui se passe en eux lorsqu’ils sont amoureux. C’est très beau, les papillons dans le ventre, on se sent heureux, je suis libre, tout est beau autour de moi, je vois que tout est possible etc. magnifique. Faisons très attention car dans notre société on intellectualise tout. Nous sommes des déconnectés des sentiments, des émotions alors qu’elles ont beaucoup à dire du mystère de la Vie.
Puisque cette Parole nous vient de Dieu et qu’il nous parle dans la prière, je vous propose d’aborder un tout petit peu les étapes de la prière. Pour ceux qui se reconnaissent comme non croyants, ne vous bloquez pas, trouver simplement la posture d’être en interrogation sur le mystère de la Vie. Je fais juste une parenthèse vis-à-vis de ceux qui se disent athées c’est-à-dire qu’ils disent que Dieu n’existe pas. En fait ils disent leur foi, ils disent « je crois que Dieu n’existe pas ! car ils n’ont pas plus de preuves que nous pour démontrer l’inexistence de Dieu !
- T’es-tu déjà trouvés dans une grande foule, seul et perdu? Tu cherches à te retrouver, à avoir un repère et figure toi qu’à ce moment là tu entends ton prénom… De suite ton oreille s’ouvre très grande, tu regarde autour de toi, m’a-t-on reconnu ? Est-ce que j’existe pour quelqu’un dans cette foule d’inconnus ? Y aura-t-il un second appel ? Et tu réentends ton prénom et là tu sais que c’est de toi qu’il s’agit. Que ce passe t il dans ton cœur, dans ton corps ? ça bouge, ça se réveille, ça se réchauffe, tu n’es plus perdu, tu existes pour quelqu’un, ho làlà c’est la résurrection. Toute la bible nous laisse comprendre que Dieu se fait entendre le jour où l’on se reconnait pauvre et perdu. Ecoute en toi la source…
- Un grand nombre de décès de jeunes en France est dû au suicide, pourquoi ? Parce qu’ils n’ont pas su quel sens donner à leur vie. Ils étaient perdus et ne savaient pas que Dieu était là.
- Il te faut faire silence intérieurement pour entendre résonner cette parole venant du Créateur de toute chose : « tu as du prix à mes yeux et je t’aime ». Dans ce monde si prompt à éliminer tous ceux et celles qui ne sont pas au top, qui ne sont pas les meilleurs, où nous sommes sans cesse en concurrence. Combien il est capital de te poser, de laisser résonner cette parole, elle est pour toi qui m’écoute, j’ai envie de dire, rien que pour toi : « tu as du prix à mes yeux et je t’aime ».
- En amoureux vous savez bien ce que veut dire je t’aime, c’est puissant. Je me permets tout de même une autre anecdote en préparation mariage. C’est notre troisième rencontre, nous sommes bien en confiance, ils sont là tous les deux en face de moi. Un moment, Caroline se met à pleurer à grandes larmes, elle est au cœur de son désarroi et elle me dit : « tu sais, il ne m’a jamais dit « je t’aime »!! » Et lui du tac au tac, il répond « mais on a notre fierté quand même ! »… Que ce cachait-il derrière cela ? Je l’ai asticoté et en final on a pu comprendre que chez lui, son père était bûcheron et à la maison c’était « marche ou crève ». Jamais son père ne lui a montré de l’attention, dit une parole d’amour, ni de reconnaissance alors même qu’il bossait à fond avec son père. Etonnante déviance d’une culture machiste qui interdit aux mâles d’exprimer leurs sentiments, c’est mortel ! Ils veulent se croire fort mais ils cachent leurs faiblesses derrière leur dureté. Le jour du mariage, le père était au premier rang, je l’ai amené à ce qu’il dise devant tous, qu’il était fier de son fils !
- O combien cela est puissant que d’entendre et d’accueillir une telle parole. Et le Seigneur n’a pas que cela à te dire, il peut t’accompagner dans tous les domaines de ta vie. Je me permets juste une parenthèse, c’est un célibataire endurci qui vous parle ! Si j’ai fait le choix de répondre à cet appel de Dieu à le suivre inconditionnellement, c’est bien qu’il y a quelque chose de puissant, alors même qu’à l’époque j’étais avec une petite copine. Je l’ai donc laissée, avec douceur et compréhension, mais c’est bien signe que cet appel de Dieu peut combler totalement une vie. Tout en sachant qu’il n’est pas obligatoire d’être célibataire pour vivre intensément Dieu !
- Es tu prêt ou prête à lui consacré un peu de ton temps ? En fait il te faut comprendre que Dieu est un mendiant. Oui un mendiant de l’amour. L’amour on ne peut pas l’obliger, ni l’acheter, il ne peut que se quémander ! Es-tu prêt ou prête à lui offrir quelques minutes par jour. Vivre un cœur à cœur avec lui ?
- Cela demande d’avoir quelques codes entre vous. Es-tu prêt ou prête à accepter que ton conjoint ai besoin d’un moment privilégié dans la journée, un temps où il va se retrouver seul, sans toi ? Ca parait évident, et pourtant combien ai-je de témoignages plus spécialement de femmes, me disant qu’elles n’arrivent pas à trouver ce temps là. Je donne juste l’exemple de ce couple, ils viennent tous les deux tous les dimanches à la messe. Mais lui une fois par semaine ça lui suffit, elle, elle a un chemin spirituel plus approfondi. Elle me dit qu’à chaque fois qu’elle veut prendre un temps de prière, de méditation dans sa chambre, il trouve toujours un truc pour venir dans la chambre, soit pour lui poser une question tout à fait inutile, soit venir chercher quelque chose. En fait derrière cela, ce cache un très grand péché, c’est celui de croire qu’un homme, ou une femme, puisse être tout puissant:Tu n’as besoin que de moi pour ton bonheur ! Si j’élargis le sujet, combien de fois ai-je entendu ce genre de reproche « mais où étais tu ? mais avec qui parlais tu ? mais que faisais tu ? etc. En final ce sont des personnes qui ne peuvent se retrouver seules. Peur de se faire face. Besoin de toujours avoir l’autre à ses pieds, peur d’être larguées ! Il faut du courage pour savoir se faire face, écouter ce qui se passe dans nos profondeurs. C’est tellement plus simple d’être toujours occupé à quelque chose. Pour ceux et celles qui connaissent vous pouvez aussi vous arrêter au passage de Jésus qui se retrouve chez les deux sœurs, Marthe et Marie, Jésus reprochera à Marthe, en train de se plaindre que sa sœur ne fait rien, qu’elle s’agite pour beaucoup mais que l’essentiel est de savoir écouter la Parole du Seigneur. Donc savoir vous donner un code : par exemple quand je suis dans la chambre et que j’allume une bougie, tu ne me dérange sous aucun prétexte.
- L’autre marche pour vivre cela en couple, peut-être la prière commune. Même un non croyant peut avoir besoin de ce temps d’intériorité, faire le point sur sa vie, s’ouvrir aux questions fondamentales de l’existence. Ça peut, dans ce cas là de vous trouver ensemble, en silence, chacun trouvant son support le plus adapté pour nourrir ce moment particulier.
- Je suppose que dans les premiers temps de votre rencontre vous avez été mutuellement découvrir les lieux et les choses que l’autre aime. Soyons un peu cliché, mademoiselle tu as surement été une fois à une course de moto ou de voiture, si lui est un grand fan de cela, pour tenter de saisir de l’intérieur ce qui l’anime. Je ne suis pas sur que monsieur soit venu à un cours de cuisine… C’est ainsi qu’on découvre l’autre. Il en est de même pour la vie intérieure. Si vous êtes tous les deux croyants, peut être avez-vous des sensibilités différentes, des manières différentes de prier. Il y a grande diversité, j’en dit quelques-unes, ça peut être la méditation silencieuse, la louange, écouter des chants religieux, se mettre à l’écoute un passage biblique ou encore avoir un commentaire de la bible, lire la vie d’un saint, être dans l’intercession, ou avoir une dévotion via le chapelet ou autres prières litaniques, participer à la messe ou prendre une heure d’adoration devant le saint sacrement. La liste peut être bien plus longue. Vous n’êtes pas obligés d’avoir la même sensibilité, mais c’est important de savoir ce que l’autre a besoin pour nourrir son être intérieur, c’est la base nécessaire pour vivre pleinement cette parole « tu as du prix à mes yeux et je t’aime ».
- Apprenez à ne pas chercher à convaincre l’autre. A chaque fois que tu es dans cette démarche, d’une part tu n’écoutes pas ce que l’autre EST et c’est toujours vouloir réduire l’autre à ce que tu crois, penses, perçois. Accepte d’être avec quelqu’un qui te reste au moins un peu en parti étrange. Je me méfie énormément de ceux qui disent « ho lui je le connais par cœur», car à ce moment là tu as fossilisé l’autre. Tu l’as enfermé dans l’image qui te convient et la vie ne peut plus circuler. Accepte que l’autre ait toujours quelque chose de nouveau à te faire découvrir. J’ai eu la chance pendant trois ans en Périgord d’accompagner un groupe de la Société Saint Vincent de Paul, une organisation qui se met au service de ceux et celles qui sont en grandes difficultés. La particularité de ce groupe était d’être interreligieux, il y avait des hindous, des chrétiens, des bouddhistes, et des « je ne sais pas » comme ils se définissaient eux-mêmes. Le point commun était de se mettre au service des laissés pour compte, mais dans les équipes de la SSVP il y a toujours un temps de prière en début de réunion. Nous avions institués qu’à chaque rencontre ça serait l’un des membres de l’équipe qui animerait le temps spirituel : ça a été merveilleux. Jamais personne n’a chercher à convaincre l’autre de se convertir, il y avait largement assez de respect mutuel pour que chacun puisse s’exprimer comme il le voulait, et nous avions tous assez d’amour les uns pour les autres pour nous intéresser à ce qui animait tant l’autre sur son chemin de foi. Merveille que tes œuvres Seigneur.
- Le summum de cet amour de Dieu pour nous, c’est qu’il a accepté de venir mourir sur une croix par amour de l’humanité. C’est un fou, c’est un passionné.
- Juste un petit écho sur ce mot : passion. Que ce passe-t-il pour quelqu’un de passionné ? Il a suffit de voir au moment de mondial de foot. Vous savez ces adeptes d’une secte de gars qui cours derrière un ballon. Ils connaissent tout de leur équipe, l’itinéraire de chacun des joueurs, y en a qui sont capables d’attendre des heures en pleine nuit derrière les grilles d’un aéroport, juste pour voir déambuler des silhouettes dans la pénombre de la nuit. Ils vivent que pour eux. C’est ça un passionné. Jésus est un passionné de l’humanité, il nous aime à mourir, dans le premier sens du terme. Mais passion, ça se dit aussi pour évoquer le chemin de croix de Jésus. Il a été condamné, il a porté sa croix et il est mort lentement dans beaucoup de souffrance et de cruauté. Ce chemin là on l’appelle « la passion de notre Seigneur ». Le verbe de ce mot, c’est « pâtir» Pâtir signifie « souffrir ».
- As-tu déjà remarqué que les personnes qui nous font le plus souffrir ce sont les personnes que nous aimons, et inversement nous sommes capables de faire souffrir les personnes que nous aimons. C’est un truc de fou. Tu vas te marier avec une personne qui va te faire souffrir : presque on pourrait dire « c’est ça l’amour».
- Je reviens à votre amour réciproque, vas-tu suffisamment l’aimer pour oser t’oublier au moins en partie et laisser à l’autre la première place ? Connais-tu bien ce que l’autre aime ? ce qu’il désire ? ce qui est bon pour lui ou elle ? Si l’autre a du prix à tes yeux, alors il te faut accepter de tout lui donner par amour.