Nous voici reparti pour un temps de carême, cheminement pour nous extraire de notre routine et de nos imperfections pour entrer dans plus de légèreté et de vie. Nous profiterons durant les prédications de ce carême pour revisiter la dynamique liturgique de la messe. Qu’avons nous à y vivre? Comment nous porte elle?

Voici une double homélie. Une en audio=> Renoncer au mal et choisir la Vie

Et l’homélie dite ce matin à la Chapelle par Alain, diacre au service du Berceau, ci-dessous par l’écrit:

1er dimanche de carême A

 

Même si je ne passe pas mon temps à regarder la télévision ni à écouter la radio, je n’ai pas entendu parmi les informations du jour celle de notre entrée en carême, ce dernier mercredi. J’aurais peut-être dû écouter RCF ou regarder KTO.

Quoi qu’il en soit, il faut bien admettre que le carême est un non-évènement pour notre société. Seuls les chrétiens qui célèbrent leur foi se sentent encore concernés par ces quarante jours dans lesquels nous venons d’entrer et qui nous mèneront à la semaine sainte.

 

Quarante jours et quarante nuits. Quarante est le nombre le plus utilisé dans la Bible. On l’y trouve plus de 90 fois. C’est le nombre de la foi : c’est le temps de l’épreuve, le temps qu’il faut pour approcher Dieu, se convertir et faire appel à sa miséricorde. Il fait référence aux 40 ans que le peuple hébreu a passé dans le désert mais aussi aux 40 jours que Jésus a passé dans ce même désert. C’est le passage de l’évangile que nous recevons chaque année le 1er dimanche de carême. Cette année, c’est St Matthieu qui nous invite à suivre Jésus dans ses tentations et à regarder de plus près nos propres tentations.

 

            « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. »

 

La première tentative de séduction du Christ par le diable est celle de transformer les pierres du désert en pain et de calmer ainsi la faim du Christ, faim bien naturelle après quarante jours de jeûne. Quelle ironie pour celui qui fera de son corps le Pain de Vie !

La relation à notre corps est souvent à l’origine de beaucoup de nos tentations. St Paul s’adressant aux Corinthiens nous rappelle que nous sommes un sanctuaire de Dieu et que l’’Esprit de Dieu habite en nous.

Prenons-nous soin de notre corps comme nous devrions prendre soin d’un temple de l’esprit ?

Je ne pense pas qu’il y ait dans notre assemblée des personnes qui connaissent la privation de nourriture. Et pourtant, quelle relation entretenons-nous à notre alimentation ? 47% des français adultes sont en situation de surpoids.

Nous jetons, en France environ 29 kg de nourriture dans nos poubelles.

La surconsommation de tabac, d’alcool, de drogues et de médicaments non justifiés ne cesse de faire de nombreux ravages dans toute la population.

Quelle hygiène de vie est la nôtre quand nous utilisons notre voiture pour de courts trajets ?

A l’inverse, nos corps sont-ils plus respectés quand ils sont travaillés ou transformés pour devenir toujours plus parfaits selon les standards de la mode, toujours plus beaux et paraissant toujours plus jeunes ?             Ajoutant à ce constat, la pornographie et tout ce qu’elle entraine qui est également une atteinte à la dignité de nos corps et de ceux qui en sont victimes .

 

            Seigneur, toi qui t’es fait homme en prenant chair dans un corps humain, apprends-nous à respecter notre corps, de son origine jusqu’à la mort.

 

            « Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. »

Le deuxième essai de tentation du Christ est celle sa relation à son père. Jésus refuse de mettre Dieu à l’épreuve.

Notre relation à Dieu peut être pour nous aussi source de tentation.

Dans ma relation avec Dieu, ne suis-je pas parfois tenté de négocier avec lui. « Seigneur si je réussis cet examen, je promets de venir plus souvent à la messe… ».  « Seigneur si tu guéris mon enfant malade, je partirai en pèlerinage à Lourdes… ».

Inutile de négocier avec Dieu. Notre père connait nos besoins. Il n’a pas besoin que nous lui posions des conditions pour nous aimer.

Le diable lui-même a utilisé le conditionnel pour tenter le Christ. « Si tu es le fils de Dieu…fais ceci, fais cela… ». Par trois fois, mais, il n’a pas réussi.

 

Notre paresse peut nous nous donner de fausses excuses pour ne pas prier ou ne pas célébrer notre Dieu. « Seigneur je t’aime bien, mais il fait trop froid dans cette chapelle alors que je pourrais rester au chaud chez moi… ». « Je n’ai pas le temps de prier, mais je peux rester trois heures devant ma télévision, mon smartphone ou ma console de jeux… ».

 

Des prêtres sont disponibles pour nous donner le sacrement du pardon. Mais pourquoi les déranger alors que je sais très bien que je serai tenté de pécher dès la sortie du confessionnal ? Pourtant je lave mon corps tous les jours sachant que je vais de nouveau le salir dans mes multiples activités. Notre âme, comme notre corps, a besoin d’un bon nettoyage régulier.

 

Seigneur, aide-nous à passer par-dessus nos diverses tentations, pour t’aimer de tout notre cœur, de toutes nos forces, de toute notre âme.

 

Tous les débuts de célébrations eucharistiques commencent par un temps de demande de pénitence, en ce reconnaissant pécheurs, pour commencer à nous défaire de tout ce qui nous encombre dans le quotidien et nous empêche d’avoir une vie saine.

 

« C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, à lui seul tu rendras un culte. » 

Dans sa dernière tentative de séduction du Christ, le diable lui propose de dominer tous les royaumes de la terre.

Jésus n’est pas venu dominer, mais sauver et servir l’humanité.

 

Dans mes relations à mes frères et sœurs en Christ, ne suis-je pas tenté de me montrer supérieurs par mes qualités physiques, techniques ou intellectuelles ? Est-ce que je me réjouis de la qualité des talents de mes frères même s’ils sont plus nombreux que les miens ?

 

Est-ce-que je me mets réellement au service des pauvres ou suis-je freiné par leur apparence, leur origine sociale ou ethnique ?

 

La tentation est forte de se replier entre personnes partageant les mêmes idées, convictions ou pratiques religieuses.

 

Seigneur, aide-nous à aimer notre prochain comme tu nous l’as demandé, à les servir et à leur annoncer ton évangile.

 

Comme le Christ l’a été, nous sommes souvent tentés par le diable. N’imaginons pas celui-ci comme sur les représentations fréquentes au moyen-âge (longue queue fourchue, cornes et trident). Il est beaucoup plus discret. Il cherche à habiter en nous. Faisons de nos corps et de nos âmes la demeure de notre seul Dieu et n’ayons pas peur de dire comme Jésus nous l’a appris « …Notre père…, ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du mal.  Amen ».