L’une des portes de compréhension des textes de ce jour peut être l’espérance. vous pouvez écouter l’explication sur ce lien => Espérance

 

Voici un autre éclairage par l’homélie donné en ce jour au Berceau par Alain S

18ème dimanche ordinaire C

Frères et sœurs, vous avez certainement entendu cette information à la radio ou sur votre poste de télévision. Avant-hier, c’était le tirage du Méga Million aux Etats Unis. Plus d’un milliard d’euros pour le gagnant. Quelle vanité ! Ce non-évènement introduit pourtant fort bien notre réflexion sur la Parole de Dieu qui nous est offerte aujourd’hui.

 

            « Vanité des vanités, tout est vanité !». Quand on entend cette sentence, on pourrait penser que son auteur, est en pleine dépression ou victime d’un burn-out. Y a-t-il un médecin dans notre assemblée ? Moi, je ne le suis pas, vous peut-être non plus. Donc avant de lancer un diagnostic erroné sur l’état de la santé mentale de notre ami Qohèleth, il est préférable de commencer par regarder de plus près la définition du mot « vanité ».

 

La plupart des dictionnaires nous en proposent 3.

Ces trois définitions peuvent avoir un lien avec la vanité dénoncée par Qohèleth, mais pour mieux comprendre le sens de celle-ci, il est intéressant de regarder l’origine du mot vanité.

 

En hébreu, « la Vanité » se dit Ebel et n’a pas de connotation morale : il désigne la fumée, la buée, la rosée qui s’évapore sous les rayons du soleil, ou encore la vapeur et même l’haleine.

La fumée, la buée, le brouillard nous gêne dans notre vision du monde qui nous entoure.

C’est comme la cataracte qui peu à peu pose un voile devant nos yeux.et nous empêche de voir le sens profond des choses. La vanité nous empêche de voir la réalité de Dieu.

 

L’homme décrit par Qohèleth, est tellement préoccupé par ses multiples tâches qu’il en oublie de voir sa propre finalité, au point de ne pas voir Dieu.

 

Justement, dans la 2ème lecture, Saint Paul nous ordonne de ne pas nous laisser accaparer par les réalités terrestres qui nous éloignent de Dieu, (débauche, passion, désir mauvais, soif de posséder…). Il nous invite à rechercher les réalités d’en haut et non celles de la terre. Il nous propose donc de lutter contre nos propres vanités.

 

Parmi ces vanités qui nous séparent des réalités d’en haut, il y a la soif de posséder, la soif d’accumuler toujours plus de richesses.

 

En effet nous sommes tous profondément marqués par la cupidité, le besoin de prendre et de posséder. Tout commença symboliquement par un fruit sur un arbre.

 

Ce contre quoi la Parole de Dieu nous met en garde aujourd’hui est ce fonctionnement par lequel nous cherchons à nous donner une sécurité par nous-mêmes.

Nous sentons le manque, nous avons peur de la mort : alors nous nous remplissons de nourriture, de biens et de relations pour nous assurer et nous sécuriser.

Au moins, avec cela, nous sommes tranquilles et autosuffisants.

 

Nous amassons pour nous-mêmes dans le but de sauver notre vie et d’en profiter un peu.

Sauf que cela est insensé, hors de sens : nous passons à côté du but de notre existence.

Nous mettons notre joie dans ce qui est inconsistant et qui disparaîtra, au lieu de placer notre bien en Dieu, la seule réalité qui demeure. « Tout passe. Dieu seul suffit. »

 

Jésus ne condamne pas l’argent en tant que tel. Ayant vécu notre condition humaine, il sait très bien que celui-ci est utile tant qu’il sert l’homme dans ses relations avec ses semblables pour les échanges de biens matériels ou pour la rémunération de tout travail. Jésus dénonce l’argent quand il devient le but de nos vies, quand il devient notre idole, celui que nous adorons au lieu de n’adorer que Dieu seul.

 

D’où viennent les biens matériels que je possède ? De mon travail actuel ou de ma pension de retraite pour laquelle j’ai cotisé pendant plus de quarante années. Tout travail mérite salaire. Il n’y a rien à redire.

 

Mais la chemise ou les chaussures que je porte ont-elles été payées à leur juste valeur à l’ouvrier, voir à l’enfant qui les a fabriquées à l’autre bout du monde ?

Les grandes fortunes des nantis ont souvent trouvé naissance sur le dos des pauvres travailleurs, des esclaves. L’exploitation de l’homme par l’homme continue au XXIème siècle. Que puis-je faire pour ne pas m’y associer ?

 

Il n’y a pas que l’homme qui est exploité pour accroitre nos richesses, petites ou grandes. Il y a notre Terre. Jeudi dernier, c’était le jour du dépassement.  Ce jour de l’année où l’humanité a d’ores et déjà consommé l’ensemble des ressources que la planète peut générer en un an. Cette terre et tout ce qui la compose (minéraux, végétaux, animaux …) est une création de Dieu que lui-même a confiée à l’humanité. La terre est un don de Dieu, non à exploiter mais à faire fructifier.

 

Nous avons tous reçus d’autres dons : nos propres talents. Les laissons-nous s’entasser dans les silos de nos cœurs de pierre ? Ou, comme nous pouvons le faire avec notre argent, les mettons-nous au service de nos frères, au service des pauvres, nos seigneurs et nos maitres ?

Être riche pour Dieu, c’est cultiver les richesses de la foi.

Alors, que l’on soit chez soi ou en vacances, suivons le conseil de Saint Philippe Néri, le fondateur des oratoriens : « Si vous tenez à faire des excès, faites-les plutôt dans la douceur, la patience, l’humilité et la charité, qui sont choses bonnes par elles-mêmes. »

 

Amen.